
Monsieur le Président,
Mesdames les conseillères communales,
Messieurs les conseillers communaux,
Dans son communiqué de presse du 11 novembre 2022, la Municipalité a considéré que l’équivalence des déficits entre les budgets 2022 et 2023 constituait un équilibre.
C’est une manière bien surprenante de voir les choses ! Elle aurait pu encore compléter son communiqué en utilisant l’expression en vogue du moment : « pas de soucis » !
Au niveau du budget 2023, le groupe PLR ne reprendra pas cette expression et lui préférera plutôt l’expression bien romande « ça fait souci ».
Le budget 2023 fait clairement souci.
Bien que cela soit une raison suffisante pour refuser de voter ce soir le budget, nous ne reviendrons pas sur le fait que certains éléments décisifs présentés à la COFIN, par exemple les données sur les salaires, comportaient des erreurs.
Je me permets de compléter le message que M. Le Vice-Président a lu et qui provient de la présidente de le COFIN. M. Pilloud a omis la phrase suivante :
« En 2019, le salaire moyen s’élevait à CHF 7’252 et non à CHF 6’944.-. Le salaire moyen est donc en hausse entre 2019 et 2021 ».
En revanche, le groupe PLR souligne en particulier les points suivants :
- Le premier point qui fait souci, le plus évident et le plus général, est que notre commune vit au-dessus de ses moyens. En clair, on dépense plus que ce que l’on gagne. Pour rappel, 75% des membres de ce conseil ont voté le 12 octobre 2022 pour un maintien du coefficient communal pour les années 2023 à 2025. Cette stabilité réjouissante de trois ans assurée pour les montreusiennes et montreusiens implique bien évidemment qu’il faut être prudent et limiter au maximum les charges. Le budget 2023 proposé ne semble pas emprunter ce chemin là et le préavis exposé souffre d’une manque flagrant de pistes d’économie.
- Le second point qui fait souci est la dégringolade de la marge d’autofinancement, qui fond encore plus vite que nos glaciers. Cela induira inévitablement un recours à l’emprunt dans une période qui n’y est plus propice en raison de taux d’intérêts redevenus positifs et risquant même de prendre l’ascenseur.
- Le troisième point qui fait souci concerne l’envolée des charges liées aux autorités et au personnel, qui représentent près de 30% des charges du budget. Le graphe de la page 4 du préavis est suffisamment éloquent pour constater visuellement que quelque chose ne joue pas.
Comme relevé en commission, la masse salariale a augmenté de 12% entre les comptes 2021 et le budget 2023 sans véritable augmentation des prestations. Certes comparaison n’est pas raison, mais relevons tout de même qu’aucune entreprise du secteur privé ne pourrait se payer le luxe d’une augmentation à deux chiffres de sa masse salariale en si peu de temps. Peut-être que les contribuables montreusiens, ceux qui paient des impôts, seraient surpris de constater qu’en deux années de crise où il faudrait plutôt se serrer la ceinture, la masse salariale de notre commune augmente de 12%.
Bien sûr, le groupe PLR est unanime à reconnaître qu’en période d’inflation, les salaires doivent être adaptés à la hausse, et les hausses évoquées dans le rapport de la COFIN, même à leur seuil inférieur, sont tout de même significatives.
Mais c’est avant tout sur les plus bas salaires que la plus forte hausse doit avoir lieu. Notre règlement sur le statut du personnel communal montre peut-être ses limites, mais l’on devrait se demander s’il est normal qu’un chef de service qui touche près de 14’000 CHF/mois soit augmenté du même pourcentage qu’un concierge ou qu’un ouvrier, dont les salaires dépassent péniblement les 4’000 CHF/mois ?
Et que dire des Municipaux, dont le salaire est supérieur à celui des chefs de service et dont le traitement est identique à tous les autres employés communaux ?
Est-il par exemple normal que nos Municipaux aient le droit à une hausse de salaire qui représente sur une année plus que le salaire mensuel d’une employée de nettoyage à un an de la retraite ?
Evidemment que ce n’est pas normal, pourtant, c’est bien ce qui se dessine en acceptant ce préavis du budget, qui n’explicite aucune différentiation de traitement entre les hauts salaire et les bas salaires. Sauf erreur de ma part et les députés présents dans la salle pourront le confirmer, le Grand Conseil a accepté ce matin une indexation plus élevée pour les plus bas salaire. Ce que le canton peut faire, une commune doit aussi pouvoir le faire.
- Le dernier point qui fait souci, et non des moindres, est relatif à la prise en compte très optimiste de recettes ponctuelles absolument non garanties correspondant au montant prévu pour l’impôt sur les successions et donations. Le résultats de l’exercice 2021 était exceptionnel, il faut le rappeler.
Dans son rapport, la COFIN a émis unanimement le vœu que le montant calculé pour les succession et donations se fasse sur la médiane des 10 dernières années, et non sur la moyenne des 5 dernières comme c’est le cas pour le budget 2023. Si on avait appliqué ce système au budget 2023, il en résulterait une perte supplémentaire pour notre commune d’approximativement 2.5 MCHF, portant le déficit à plus de 9 MCHF, ce qui vous en conviendrez certainement, dépasse largement le cadre du raisonnable.
En finalité et compte tenu de ce qui précède, le groupe PLR estime que la commune ne peut tout simplement pas se permettre un budget tel que celui proposé et une grande majorité du groupe PLR le refusera.
Olivier Müller,
Conseiller communal