Olivier Müller

Monsieur le Président,

Mesdames les conseillères communales,

Messieurs les conseillers communaux,

Dans les divers échanges sur cette proposition émanant de notre conseil communal, le groupe PLR peine toujours à comprendre la justification de l’augmentation de cette subvention, qui est déjà et largement l’une des plus généreuse du canton.

Il semblerait que la campagne des élections communales 2026 ait déjà commencé. Visiblement, pour les partisans de l’augmentation, les retombées électorales potentielles en offrant 50 CHF supplémentaires à 2’7000 citoyens usagers des transports publics semblent être plus profitable que de mener une véritable réflexion de fond. Tant les arguments sur le très hypothétique report modal que sur la proportionnalité des coûts laissent le groupe PLR perplexe et nous allons expliquer pourquoi avec des arguments jugés objectifs.

Concernant le report modal, nous pensons toujours que de faire passer une subvention d’un abonnement de transport publics de 300 CHF à 350 CHF n’aura aucun effet sur le report modal. C’est avant tout bien sur les prestations de transports publics qu’il faut agir pour espérer un report modal, entendez par là la desserte, la fréquence et la vitesse commerciale, et non pas sur une hausse de 16% d’une subvention. En ayant fait un sondage en interne du groupe PLR, il apparait que de nombreux bénéficiaires directs de ces subventions, lorsqu’il ne s’agit pas des conseillers communaux, eux-mêmes, sont soit des enfants ou des adolescents, c’est-à-dire des gens sans permis, et donc sans report modal, soit des personnes âgées, dont on n’attend pas forcément un report modal à un âge où les habitudes sont plus difficile à changer et où tôt ou tard l’abandon de la voiture se fera inévitablement en raison d’incapacité de conduire.

Sur ce thème central du report modal, le rapport de commission comporte une phrase qui est censée répondre à l’affirmation de ceux qui, comme nous, estiment cette augmentation sans effets sur le report modal. La phrase est « Il n’y aurait aucune preuve qu’une augmentation de la subvention n’aurait pas d’effet sur les habitudes de transport. »

Cette phrase est étonnante, on n’est pas sûr, donc on paie ? D’habitude, il appartient à celui qui propose qqch d’en démontrer le bien-fondé, et cela n’a pas été fait jusque-là. Et d’habitude, dans le doute, on s’abstient. Ici, pour les partisans de cette augmentation, dans le doute, on subventionne et on lâche 180’000 CHF, peu importe de savoir si la mesure est efficace ou non et peu importe si nos finances nous le permettent ou non.

En marge d’hypothèses sur le report modal, voici quelques faits incontestables :

Le premier élément, comme déjà indiqué dans les échanges de fin d’année, c’est que la subvention montreusienne actuelle de 300 CHF est déjà la seconde plus généreuse du canton après ce qui se fait à Lausanne où la subvention se monte à 360 CHF. Rappelons que Montreux n’est pas Lausanne, ni dans sa constellation politique ni dans, sa morphologie urbaine et ni surtout dans son offre en transports publics.  Et si l’on compare aux autres villes de même taille, Montreux, avec ses 300 CHF annuels, offre déjà une subvention supérieur ou largement supérieure à ce qu’octroient les autres communes, par exemple :

  • Vevey 250 CHF
  • Gland, Aigle ou Ecublens : 200 CHF
  • Bourg-en-Lavaux 180 CHF
  • La Tour-de-Peilz 150 CHF
  • Nyon 132 CHF
  • Yverdon 105 CHF
  • Renens, Morges et Prilly n’offrent aucune subventions.

Soit, dans ces douze ville vaudoises, en y compris Lausanne, une moyenne de 163 CHF, et nous proposerions le double. Pourquoi vouloir absolument encore augmenter ?

Et pourquoi, lorsqu’il s’agit de taxer à la hausse les automobiliste avec les macarons, prix des places de parc et parking du dimanche, l’on se cale sur les autres communes, et lorsqu’il s’agit d’octroyer à la hausse des subventions, tout à coup l’on se différentie des autres communes ? Cela ne semble pas très cohérent.

Le second élément, c’est le constat que l’on donnerait d’une main 50 CHF à 2’700 personnes utilisateurs de transports publics dont certains n’en ont pas besoin et que l’on demande de l’autre main 130 CHF de plus par an aux 1000 automobilistes qui ont un macaron au centre-ville, que l’on demande de cette même autre main et toujours aux automobilistes de payer le parking plus cher au centre ou de payer maintenant le parking le dimanche. Cette ségrégation n’est pas un signal de cohésion sociale très pertinent, particulièrement temps d’inflation. Il n’y a clairement pas d’égalité de traitement entre subventionner plus généreusement les personnes qui peuvent ou doivent utiliser les transports publics et taxer plus généreusement des personnes qui peuvent ou doivent utiliser leurs automobiles. Par souci du bien vivre ensemble, nous estimons que notre législatif ne devrait pas donner un signal politique aussi clivant dans les besoins en matière de mobilité de nos citoyennes et de nos citoyens.

Avant dernier élément : Nous ne sommes pas Genève avec ses 1.4 Mias de CHF de bénéfice et qui vient de décider d’octroyer la gratuité des transports publics au moins de 25 ans. Je vous rappelle que le budget 2024 de notre commune fait état d’un déficit de 5.1 Mios CHF et que des économies sont donc à aller chercher. C’est aussi notre rôle de législatif de devoir faire ce genre de choix et en décidant de ne pas octroyer 50 CHF supplémentaires à 2’700 personnes, nous ne réduisons aucune prestations pour nos citoyennes et citoyens. C’est nous semble-t-il un choix cohérent.

Le dernier élément, rappelé dans le préavis et sans doute l’élément le plus important, c’est que les abonnements de transports publics mobilis 2024 vont baisser, contrairement à ce qu’a dit M. Pilloud dans sa prise de parole initiale ! Cet élément, pourtant crucial, n’a semble-t-il pas suffisamment été pris en compte dans les réflexions ! Résumons :

  • L’ abonnement annuel, seconde classe et adulte, Montreux-Vevey (zones 73 et 70) coûte 38 CHF de moins en 2024 par rapport à 2023. 38 CHF de moins.
  • L’abonnement Montreux-Lausanne (7 zones) coût 131 CHF de moins en 2024 par rapport à 2023. 131 CHF de moins.
  • L’ abonnement Mobilis® toutes zones coûte 165 CHF de moins en 2024 par rapport à 2023, 165 CHF de moins.

Faisons preuve de bon sens ! Octroyer une subvention supplémentaire de 50 CHF pour pallier la hausse des coûts de la vie alors que dans le domaine en question des transports publics, les coûts des abonnements diminueront de 38 à 165 CHF, ça n’a aucun sens et ça n’a aucun lien. Ces baisses 2024 de tarifs des abonnement rendent à elle seule la proposition d’augmenter la subvention caduque ! Et sur ce point précis, j’interpelle les partisans de l’augmentation de 50 CHF pour qu’ils nous expliquent en quoi augmenter une subvention dans une domaine où les coûts diminuent est faire preuve de bon sens et d’une saine gestion des deniers publics.  

Sur la base de ce qui précède, le groupe PLR acceptera l’amendement et espère que les autres conseillères communales et conseillers communaux se prononceront objectivement, en leurs âme et conscience, en prenant compte les faits et non les idéologies ou les réflexions électoralistes.

Olivier Müller, conseiller communal PLR

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