Jean-Marc Forclaz

Monsieur le Président, chers collègues,

Le débat de ce soir doit se focaliser sur le besoin d’information de l’ensemble de la population.

Afin d’illustrer la nécessité absolue d’ouvrir ce débat public contradictoire, je citerai une argumentation largement entendue en défaveur du projet des Grand-Prés :

« Pourquoi construire encore à Montreux, et encombrer plus les routes, surcharger nos écoles et services. Il n’y a qu’à utiliser les lits froids ! », nous l’avons encore entendu ce soir.

En méconnaissance de certains enjeux il est facile et tentant d’être d’accord avec ces affirmations. Si l’on tient par contre compte d’un contexte, sur lequel nous n’avons aucun pouvoir décisionnel, puisque nous devons appliquer les lois fédérales et cantonales, les chose sont plus compliquées.

L’évolution démographique prévoit et planifie de manière générale une augmentation de population en Suisse, en proportion plus élevée dans le canton de Vaud. L’ordre de grandeur pour notre commune varie selon les scénarios d’une centaine à plus de 250 habitants par année, elle ne pourra pas légalement y échapper, c’est effrayant je le concède volontiers, mais c’est une réalité intangible.

Qu’en est-il des lits froids ? Le Grand Conseil a voté en date du 10 mai 2016 la LOI 840.15 sur la préservation et la promotion du parc locatif, qui vise entre autres à éviter les résidences secondaires.

Avant même que cette loi soit votée, la commune de Montreux appliquait lors de l’attribution des permis de construire une politique extrêmement restrictive et terme de résidences secondaires. Je vous cite un extrait d’un permis de construire délivré en juin 2014.

« Conformément à l’article 4 de l’Ordonnance sur les résidences secondaires du 22 août 2012  (RS 702), les nouveaux logements créés sur la parcelle en cause doivent être affectés à de la résidence principale……il est ordonné l’inscription d’une mention au Registre foncier portant sur l’usage exclusif des appartements en résidence principale »

Depuis longtemps un frein a été mis aux lits froids, il en reste sans doute trop encore. L’affirmer c’est facile, trouver un moyen légal d’en réduire le nombre c’est beaucoup plus compliqué et devrait se faire au niveau fédéral et cantonal ce qui prendrait énormément de temps, sans même imaginer pouvoir appliquer de nouvelles loi avec effet rétroactif pour des objets existants.

Compte tenu de ce qui précède, il est évident que l’abandon du projet des Grands-Prés, desservi par 3 lignes de bus, très proche de l’autoroute, devrait être remplacé par d’autres constructions. Toutes ne pourront pas être réalisées en ville ou sur des friches industrielles, leurs impact sur l’environnement, sur les questions de mobilité et de surcharge des services seront similaires, voire pires selon leurs positions géographiques.

Le texte de l’initiative s’il est accepté en vote populaire impose entre autres, je cite « la création d’une aire de loisir pour le public ». La dernière édition du journal des initiants titre je cite à nouveau « journal du parc naturel des Grands-Prés ». Que doit-on comprendre ? S’agit-il d’un minuscule parc naturel enrichi d’une nouvelle faune cohabitant avec familles, enfants et animaux domestiques en bordure de la route la plus fréquentée de la commune ?

J’en terminerai par l’aspect financier, la perte d’une recette annuelle pour la commune de l’équivalent d’un point d’impôt ne peut pas être passée sous silence. Les investisseurs SOCIM et Retraites Populaires ont déjà engagé plusieurs millions, pour Retraites Populaires ce sont des cotisations de membres qui partiraient en fumée. Un recours de leurs parts, même si le risque de succès est très limité ne peut pas être totalement exclu. Ce risque augmenterait si notre conseil devait prendre la décision de revenir sur son vote de 2017 sans consultation populaire.

Maître Chifelle, avocat des initiants disait en ouverture de sa présentation à notre commission, je le cite « il faut utiliser l’outil démocratique » !

Notre collègue E. Gétaz, dans la dernière publication des initiants, n’a manifestement pas la même vision de l’outil démocratique. Il incite les citoyens à contacter les élus du conseil communal pour que nous refusions ce préavis et par voie de conséquence privions le peuple de son droit de vote.

Quel mépris à l’égard des 13’300 électeurs montreusiens non-signataires de l’initiative qui n’ont pas eu l’occasion d’entendre les arguments de tous bords et n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer sur ce sujet. Ce ne sont pas des citoyens de seconde zone, ils apprécieront !

Ce qui précède démontre qu’un large débat public contradictoire est indispensable. Le PLR soutiendra à la quasi-unanimité le préavis Municipal et invite tous les conseillers respectueux des institutions à faire de même afin que tous les montreusiens puissent se prononcer.

Je vous remercie pour votre attention.

Jean-Marc Forclaz,

Conseiller communal

 

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