Simon Lepêtre

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, chères et chers collègues

Je souhaite d’abord dire que je soutiens totalement l’objectif de cette motion: lever les tabous autour de la menstruation, de la ménopause et plus largement de la santé hormonale. Ces réalités concernent des femmes, mais aussi des hommes avec l’andropause, qui touche environ un homme sur cinq. Et oui, nous devons en parler ouvertement et normalement parce que C’EST normal dans la vie de nous toutes et tous.

Je le fais ce soir en portant un T-Shirt de l’Université de Santé Publique au Ghana, où j’ai participé cette année à la Journée mondiale de la menstruation. Le programme de cette journée incluait du yoga, des groupes de parole, et surtout un dialogue ouvert et normalisé. Et là-bas, ce sont autant les étudiants que les professeurs, hommes et femmes, qui portent ces T-Shirts pour briser les tabous. C’est une vraie leçon d’exemplarité. J’ai cinq T-Shirts avec moi ce soir pour celles et ceux qui souhaitent s’associer à cette démarche de détabouisation. (à écouter) M. Martial Pidoux, Chef de Service des Services des Ressources Humain a déjà enfiler son T-Shirt…

Mais soutenir le dialogue ne veut pas dire soutenir cette motion. Je vous invite donc à voter NON à la motion, tout en soutenant activement la levée des tabous autour de la santé hormonale. Et voici pourquoi :

Premièrement, la dimension médicale. Les douleurs menstruelles ou liées à la ménopause peuvent être soulagées dans de nombreux cas par des traitements. Quand elles ne le sont pas, c’est en effet très lourd, mais elles relèvent avant tout d’un accompagnement médical avec un congé médical, pas d’un congé administratif.

Deuxièmement, le risque de stigmatisation. Un congé spécifique, même s’il part d’une bonne intention, risque d’isoler les femmes qui y recourraient et d’introduire des biais dans l’embauche ou la carrière.

Troisièmement, la question de l’égalité de traitement. Pourquoi créer un congé pour ces symptômes et pas pour d’autres tout aussi invalidants — migraines, troubles digestifs, douleurs chroniques ? La cohérence et l’équité seraient mises à mal.

Quatrièmement, Montreux n’est pas en retard, bien au contraire. Avec le programme BEST (Bien-Etre et Santé au Travail), notre administration met déjà en place des mesures modernes d’accompagnement: adaptation ponctuelle du travail, télétravail, accompagnement, soutien psychologique et surtout formation des cadres. C’est une voie souple, inclusive et respectueuse, bien plus adaptée qu’un congé administratif rigide. (à écouter : …témoinage d’une collaboratrice / DA)

Cinquièmement, l’aspect juridique. En Suisse, le droit du travail ne prévoit pas de congés spécifiques pour les menstruations ou pour des symptômes hormonaux tels que les règles douloureuses ou la ménopause. Ces absences sont clairement couvertes par le congé maladie général ou par des mesures d’adaptation usuelles, comme la réduction temporaire du temps de travail. Le secret médical s’applique strictement : l’employeur ne peut recevoir que les informations nécessaires à l’organisation du travail, jamais le diagnostic ni les détails médicaux. Enfin, la Loi fédérale sur la protection des données (LPD) révisée, entrée en vigueur en septembre 2023, renforce la protection des données sensibles, en particulier celles qui touchent à la santé et à la sphère intime. Le traitement de ces données est strictement encadré. Notre règlement du personnel ne devrait donc pas contenir de dispositions contraires à la loi.

En conclusion, l’exemplarité d’une administration ne passe pas par une multiplication de congés spécifiques. Elle passe par l’écoute, le dialogue, l’adaptation humaine et une culture inclusive. C’est ce que Montreux construit déjà avec BEST.

Je propose que nous allions plus loin autrement : offrons à nos collaboratrices et collaborateurs des T-Shirts pour la Journée mondiale de la menstruation, le 28 mai 2026, et montrons que Montreux sait briser les tabous avec intelligence et humanité.

Je vous invite donc à refuser cette motion, mais à contribuer activement à la détabouisation de ce sujet qui nous touche toutes et tous. Merci.

Susanne Lauber Fürst
Conseillère communale PLR

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