Monsieur le Président,

Mesdames les conseillères communales,

Messieurs les conseillers communaux,

En ce jour de clôture de la COP28 de Dubaï ou un accord «historique» pour sortir des énergies fossiles vient d’être signé, notre modeste conseil va voter lui sur la nécessité de déclarer l’urgence climatique, que le canton à déjà déclaré en mars 2019.

Beaucoup de chose viennent d’être dites sur le changement climatique et l’on constate que la vision sur l’avenir du monde semble être bien différente selon la sensibilité – politique ou pas – de chacun.

Je me permets d’ouvrir une parenthèse : Il y a pour moi une incohérence entre le fait que M. Willemin propose de déclarer l’urgence climatique alors qu’il avait lui-même pris la parole pour combattre le postulat j’avais déposé pour utiliser du béton plus durable à chaque fois que c’était possible. Cela n’a aucun sens et heureusement pour le climat que 80% de ce conseil avait accepté ma proposition, 6 conseillères et conseiller de DA et des Verts l’avaient refusé. Je referme la parenthèse.

S’il est sans doute correct d’affirmer que par le passé, la sensibilité environnementale était inégale parmi les partis politiques, aujourd’hui’, le constat est tout autre. Tous les partis politiques ont pris conscience de la problématique et chaque parti fait des propositions dans ce domaine. On en arrive même, si on prend l’exemples des parcs solaires alpins en valais, que des mesures efficaces de transition énergétiques proposées par la droite soient combattues par la gauche. L’urgence semble parfois bien relative dans ce cas !

Si on pouvait admettre une inaction politique pas le passé, rependre cet argument d’inaction politique exprimé dans le postulat n’est plus correct aujourd’hui. L’action politique est très forte, il suffit de suivre les décisions fédérales, cantonales et même communales pour s’en rendre compte. Il y a plein d’exemple concrets, je n’en citerai qu’une seul : la future loi sur l’énergie qui sera votée au grand conseil. Cette loi est ambitieuse et démontre une volonté politique forte qui concernera toutes les communes de ce canton, Montreux y compris. Et ce n’est absolument pas la volonté politique qui freinera un assainissement énergétique urgent des bâtiments ou la pose urgents de panneaux solaires, mais bien le manque de main d’œuvre qualifiée, les délais de fabrication et les délais de fourniture des matériaux et équipements. La première urgence, c’est avant tout celle de former les métiers liés à la transitions énergétique.

Sortir des énergies fossiles et utiliser les solutions technologiques qui existent déjà., c’est d’ailleurs le message incitatif et non catastrophiste du GIEC dans son dernier rapport adopté lors de la conférence à Interlaken en mars 2023.

Accepter ce postulat, c’est laisser croire – à tort – que l’on peut instaurer institutionnellement une urgence climatique au niveau communal, et c’est aussi courir le risque de voir apparaitre des décisions communale socialement et économiquement peu acceptable pour notre population, comme l’a laissé entendre Me Saito dans sa première intervention.

Accepter ce postulat, c’est politiser le changement climatique, au risque certain d’agacer une partie de la population et donc d’aller à l’encontre du but recherché

Accepter ce postulat dans la première commune du canton a avoir reçu le label Cité de l’énergie GOLD, c’est finalement désavouer le travail exemplaire passé et présent de notre Municipalité et qui va continuer. La municipalité n’a absolument pas besoin de ce postulat pour avancer, elle le fait déjà, ce postulat est donc inutile.

Pour tout ce qui vient d’être dit, le groupe PLR, à l’unanimité, ne soutiendra pas la prise en considération de ce postulat.

Olivier Müller,

Conseiller communal

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Monsieur le président, Mesdames, Messieurs,

Le présent postulat nous propose de déclarer solennellement l’urgence climatique au niveau communal, permettez-moi d’exprimer ici des doutes sur l’utilité de cette proposition.

La question climatique est une question primordiale, globale et complexe à laquelle il convient d’apporter des réponses structurelles, coordonnées et durables.

Il ne s’agit pas d’une crise passagère, sécuritaire ou sanitaire à laquelle on peut répondre par l’état d’urgence.

Il s’agit de transitions profondes de nos sociétés. Des évolutions qui ne datent pas d’aujourd’hui et qui ne se termineront pas demain.

Ces transformations nous devons les regarder en face, sans en éluder les difficultés et sans nous focaliser exclusivement sur elles.

Comme cela a été précisé, l’urgence climatique est déjà déclarée au niveau cantonal.

Le canton alloue des centaines de millions pour des mesures emblématiques dont la rénovation du Centre des Congrès de Montreux vient de bénéficier en obtenant 8,3 millions CHF pour l’optimisation de sa performance énergétique. Nous nous en réjouissons et remercions tous ceux qui contribuent à cette réalisation.

Le canton s’est engagé à réduire les émissions de CO2, à accroître la résilience du territoire, à orienter les conditions-cadres vers une société bas carbone.

Nous estimons que la ville de Montreux doit s’inscrire dans ce cadre cantonal collectif et s’épargner une déclaration solennelle supplémentaire qui plus est sans actions concrètes associées.

Je tiens ici à saluer les efforts de la municipale en charge de ces questions qui œuvre pour transposer les grands principes qui sont bien faciles à déclarer en propositions concrètes qui sont particulièrement difficiles à arbitrer. Merci pour cet engagement.

Enfin, mettre une pression temporelle supplémentaire sur la Municipalité est contre productif. 

Pour toutes ces raisons, je vous invite à refuser ce postulat qui ne propose rien de nouveau, rien de concret. Laissons le champ libre à la Municipalité pour agir conformément à ses engagements et à la stratégie collective du Plan climat vaudois.

Merci pour votre attention et merci pour votre refus de ce postulat.

Simon Lepêtre,

Conseiller communal

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Notre collègue Vuillemin nous prie de déclarer l’urgence climatique, en estimant que nous ne sommes pas du tout à la hauteur des enjeux. Il évoque notre inaction, en précisant qu’elle est criminelle, précisant que cette démarche est à mettre en relation avec la fin de l’humanité, qui lui semble proche si nous n’adoptons pas son postulat. C’est ignorer les efforts qui ont été entrepris, particulièrement au niveau communal.

Premièrement, chers collègues, je dénonce ce discours fondamentalement outrancier. Car notre société réagit aux appels des scientifiques, avec une inertie critiquable certes, mais avec un succès croissant, surtout dans notre pays et en Europe. Affirmer le contraire est un mensonge.

Ensuite, je remarque que ce postulat n’apporte pas l’ombre d’une solution, pas la trace d’un consensus, pas l’embryon d’une proposition. Simplement, on déclare l’urgence climatique. Et on rentre à la maison, l’esprit soulagé : ouf, on a sauvé le monde ce soir !

Commençons peut-être par nous demander ce qui pourrait changer si nous adoptons cette résolution.

En effet, la Municipalité et notre Conseil se préoccupent déjà de réduire l’impact environnemental des activités communales, notamment sur le climat. Ainsi, on acquiert des véhicules et des machines moins polluants. On électrifie ce qui est possible. On isole les immeubles, on adopte des énergies renouvelables pour les chauffer et les climatiser. On installe un chauffage à distance à large échelle, qui sera bientôt disponible. On engage du personnel pour la durabilité, même si notre groupe aurait préféré activer des connaissances disponibles sur le marché à cet effet. Bref, on s’active, chacun à sa manière, dans tous les domaines possibles pour réduire l’impact des activités municipales sur le climat, dans le cadre d’une gestion correcte des deniers publics.

Alors, qu’est-ce qui pourrait bien changer si on adoptait maintenant l’ « urgence climatique » réclamée par notre collègue ? En clair, on pourrait renoncer de manière légitime à presque tout projet, quel qu’il soit, en évoquant le seul et unique critère climatique. Car toute forme d’activité produit plus ou moins de CO2.

Acquérir des nouveaux équipements dans les services pour alléger le travail, que ce soit dans nos forêts, nos écoles ou pour notre voirie… tout cela serait mis en cause. Le groupe vert vient de nous le prouver avec leur intervention, il y a cinq minutes, afin de limiter l’achat de véhicules. Soutenir un festival de Jazz en été, avec toute la consommation et les déplacements que cela implique… ce sera contesté aussi, car le climat sera prioritaire ! Voter un projet à caractère social, alors qu’on pourrait utiliser cet argent public pour réduire davantage notre consommation d’énergie fossile… Ce sera remis à plus tard, l’urgence climatique faisant loi !

Et ce n’est pas le pire. On pourrait ajouter d’autres excès, comme la désobéissance civile. Si c’est pour le climat, il y a urgence, laissons faire, quels que soient les dégâts !

Non, Monsieur Vuillemin, après mûre réflexion, nous ne voulons pas déclarer l’urgence climatique. La situation est telle qu’il faut agir vite, mais de manière coordonnée, réfléchie et sur la durée surtout. Si nous grillons toutes nos cartouches budgétaires, maintenant, nous ne tiendrons pas sur la durée et nous ne pourrons pas assurer le développement durable auquel nous aspirons tous. L’urgence et la pire ennemie de la durabilité. J’en suis sincèrement convaincu. C’est valable pour l’économie comme pour l’écologie. Il y a des gens qui ont de la peine à boucler leurs fins de mois dans ce pays et dans cette commune. Ignorer leurs besoins, pour donner toute priorité à l’action climatique, ce n’est pas démocratique. C’est donc de manière responsable que je vous dis clairement « Non », Monsieur Vuillemin : agissons pour le climat immédiatement, poursuivons ce qui a été entrepris, avec davantage de détermination encore, mais sur une voie durable. C’est la seule qui soit praticable pour tous. Je vous enjoins à refuser ce postulat, qui n’est pas seulement superfétatoire, mais potentiellement dommageable pour la démocratie.

Olivier Mark, conseiller communal

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, et chers collègues,

Je n’adhère pas au slogan populiste d’une «urgence climatique». Je parlerai ici en tant que scientifique, et ancien enseignant à l’EPFL. S’il est vrai que personne, à commencer par votre serviteur, ne met en doute l’existence du réchauffement climatique, les avis diffèrent quant à la question de son évolution et de son extrapolation dans le futur, et par conséquent du caractère d’urgence qui lui est associé. Parler de la fin de l’humanité dans un ou deux siècles, ou de la mort à venir de nos enfants et petits-enfants, ressort d’un scénario-catastrophe totalement fantaisiste. Je refuse de souscrire à l’affirmation qu’une évolution désastreuse du réchauffement climatique serait d’ores et déjà inscrite dans le marbre.

Je vais vous donner deux justifications à cette opinion.

La première se réfère à un événement des années 1980, à savoir la saga de «la mort des forêts». En 1985, on s’était inquiété d’une certaine dégradation de l’état de nos forêts. A l’instigation des écologistes de l’époque, un débat avait été mené sur la scène politique, jusqu’aux Chambres fédérales. Les écologistes d’alors avaient laissé entendre avec insistance que nos forêts de montagne seraient entièrement détruites en moins de cinq ans. 40 ans plus tard, force est de constater que nos forêts vont très bien, et que ces prévisions alarmistes étaient inexactes, étant basées sur des informations fallacieuses. On devrait se souvenir d’un tel événement en abordant la problématique qui nous occupe aujourd’hui.

Ma deuxième justification est de nature plus technique.

Sur ce graphique, vous voyez le changement de la température moyenne des océans en fonction des années, par rapport à sa valeur mesurée en 1979. En noir, vous avez les résultats des mesures, tandis que les spaghettis de couleur sont les résultats d’un grand nombre de simulations, provenant de toute une série de modèles élaborés dans plusieurs instituts de recherche. Ce que vous pouvez constater ici, c’est que les résultats des simulations divergent de plus en plus à mesure qu’on les extrapole dans le temps, donnant lieu à une grande incertitude en 2030. A l’évidence, ces différents modèles ne fournissent pas de résultats concordants sur le long terme. En cause, la complexité extrêmement élevée du système qu’elles sont sensées décrire. Il ne fait pas de doute que la température globale augmente avec le temps, nous sommes bien d’accord, mais rien ne permet de conclure avec certitude quelle valeur elle atteindra dans 50 ou 100 ans. Il est donc très présomptueux aujourd’hui de prédire une catastrophe pour l’avenir.

Finalement, il est bon de rappeler que la contribution de la Suisse au dégagement mondial de gaz à effet de serre est négligeable. C’est donc en priorité aux grands pays pollueurs qu’il faut s’adresser pour agir de manière adéquate, et certainement pas à la Commune de Montreux, qui, comme indiqué dans le rapport, prend déjà d’excellentes dispositions.

Pour résumer ma position, les outils dont nous disposons à l’heure actuelle ne sont pas capables de modéliser sur le long terme, et de manière fiable, l’évolution d’un système aussi complexe que le climat terrestre. Selon moi, le scénario-catastrophe prédit par M. Willemin n’est donc ni crédible, ni d’actualité. Il nous faut en priorité faire confiance à la Municipalité, qui a déjà pris, et continuera de prendre des mesures raisonnables et adaptées à l’évolution du climat. Je vous invite donc, Mesdames et Messieurs, à refuser la prise en considération de ce postulat.

Je vous remercie de votre attention.

Michel Posternak, conseiller communal

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